La Cigogne noire (Ciconia nigra) est une espèce rare nicheuse en forêt. On estime la population française à une soixantaine de couples. Le suivi de quelques oiseaux par émetteur satellitaire a permis de localiser les zones d’hivernage de cette espèce migratrice en Afrique de l’ouest.
Il s’avère que le bassin du fleuve Sénégal au sud de la Mauritanie est d’importance majeure pour la Cigogne noire qui trouve là des conditions pour une première halte migratoire en zone humide avant de se disperser sur la bande sahélienne.
Cette espèce passe donc six mois en Europe pour se reproduire et six mois en Afrique en hivernage. Sa protection doit donc s’envisager à l’échelle de son cycle biologique sur ces deux continents.
A ce jour, la Cigogne noire bénéficie de mesures de protection en Europe et fait l’objet d’études scientifiques. Passé Gibraltar elle ne bénéficie pas du même statut et peut être chassée sur certains territoires.
Cette espèce illustre la nécessaire solidarité écologique Nord – Sud pour la protection de la biodiversité à l’échelle planétaire.
Des contacts ont été pris en Mauritanie et des échanges d’informations sont initiés. Les localisations satellitaires obtenues en Mauritanie ont été communiquées et permettent de zoner les principales zones humides fréquentées par les Cigognes noires.
Les mauritaniens souhaitent une étude plus poussée de terrain. En effet, la Cigogne noire est un indicateur écologique des zones humides et autour d’elle s’épanouit un cortège d’autres espèces animales et végétales.
Avec le réchauffement climatique, le Sahel ressent dramatiquement les effets avec l’avancée du désert et une diminution de la surface des zones humides qui abrite la faune sauvage mais est aussi utilisée par l’agriculture et l’élevage.
Paul BROSSAULT, Chargé de mission Cigogne noire pour le compte de l’ONGE Forestiers du Monde®, se rendra sur site afin de fournir une expertise à partir de l’espèce « parapluie » qu’est la Cigogne noire. Le projet consiste à monter un réseau Cigogne noire local sur le principe du réseau européen. C’est donc une entrée espèce qui pourra s’étendre aux milieux et leur utilisation par les habitants : élevage, agriculture, pêche.
Ce programme pourrait se décliner en trois axes : études, protection, communication.
Guidé par Mr Abdallahi DIARRA, Docteur en sociologie du développement et de l’environnement, actuel coordinateur des organisations de la Société Civile pour la défense de l’environnement dans le bassin du fleuve Sénégal (CODESEN), également Directeur de l’Institut Mauritanien de formation, d’étude et de recherche pour le développement durable, Paul BROSSAULT visitera les différentes zones fréquentées par la Cigogne noire dans le sud mauritanien.
Une rencontre est prévue avec le personnel du parc national du Diawling qui accueille régulièrement des Cigognes noires. D’autres rencontres sont prévues avec les autorités locales. La mission tentera d’observer trois oiseaux qui émettent actuellement depuis la Mauritanie et d’analyser le contexte.
A l’issue de cette mission, un projet de programme Cigogne noire sera proposé à l’Union Européenne et à des partenaires qui ont manifesté leur intérêt pour ce projet.