Samedi matin 8 février 2020, une petite équipe de citoyens, militants engagés des associations « Les Sentinelles de la montagne Dijonnaise » et de l’ONGE Forestiers du Monde® étaient réunis au sein du massif forestier de Prenois afin d’en extraire l’une des épaves automobiles abandonnées depuis plusieurs décennies.
De nombreuses épaves automobiles abandonnées enlaidissent encore trop souvent nos paysages. Elles témoignent sans doute du regard que nous portons sur notre patrimoine naturel, longtemps considéré comme purement fonctionnel et la question paysagère ne se posait pas. Pas surprenant alors que l’arsenal juridique visant à interdire tout abandon d’épave en forêt existant soit alors passablement ignoré !
Car le paysage selon la Convention Européenne du Paysage signée par la France le 20 octobre 2000 à Florence (Italie) est un élément important de la qualité de vie des populations. Il participe de manière importante à l’intérêt général, sur les plans culturel, écologique, environnemental et social. C’est un élément important de la qualité de vie des populations : dans les milieux urbains et dans les campagnes, dans les territoires dégradés comme dans ceux de grande qualité, dans les espaces naturels comme dans ceux du quotidien.
Or les évolutions des techniques de productions agricoles, sylvicole, industrielle et minière et des pratiques en matière d’aménagement du territoire, d’urbanisme, de transport, de réseaux, de tourisme et de loisirs, et, plus généralement, les changements économiques mondiaux continuent, dans beaucoup de cas, à accélérer la transformation des paysages ».
Rappelons à cette occasion les engagements de la France signataire de cette convention européenne du paysage : « Extraits du Chapitre II, articles 5 et 6 de la convention européenne du paysage): Chaque partie (dont la France signataire) s’engage :
– à définir et mettre en œuvre des politiques du paysage visant la protection des paysages (…)
– à mettre en place des procédures de participation du public, des autorités locales… concernées par la conception et la réalisation des politiques du paysage,
– à accroître la sensibilisation de la société civile, des organisations privées et des autorités publiques à la valeur des paysages, à leur rôle et à leur transformation,
– à mettre en place des moyens d’intervention visant la protection, la gestion et/ou l’aménagement des paysages.
Avec l’avènement des activités de loisirs de pleine nature, l’espace naturel s’ouvre à d’autres praticiens, s’offre à d’autres regards et dresse devant nos yeux ces carcasses comme autant des blessures du paysage.
Face à cette situation, les bénévoles associatifs s’engagent pour extraire une carcasse automobile abandonnée au sein du massif forestier de Prenois.
L’abandon d’épaves automobiles n’est pas sans conséquence pour l’environnement !
Faut-il le rappeler, outre l’atteinte à la qualité des paysages, les épaves automobiles peuvent constituer un piège mortel pour nombre d’espèces de faune et de flore sauvages, sans oublier les impacts sur le sol et les nappes phréatiques : les liquides contenus dans les véhicules comme le carburant, l’acide des batteries, les liquides de refroidissement, de frein sont des polluants extrêmement nocifs: La présence impromptue d’épave en forêt génère souvent la création de dépôts d’ordures à proximité.
L’abandon d’épave de véhicule est sanctionné par le Code Pénal (Article R 635.8) d’une contravention de 5ème classe (jusqu’à 1500 euros d’amende). Mais l’amende pénale n’enlève pas l’épave et pour qu’une telle blessure dans le paysage naturel disparaisse, le Code de l’Environnement, en vertu de l’article L 541.3, permet au Maire de demander à l’auteur de l’abandon, et si celui-ci n’est pas connu, au propriétaire du terrain de retirer les épaves situées sur sa propriété lorsque celles ci ont été abandonnées sans respecter la réglementation. En l’absence de respect des instructions du Maire, celui ci pourra assurer d’office et aux frais du propriétaire l’extraction de l’épave. Il pourra également faire consigner dans les mains du trésor public une somme répondant au montant des travaux à réaliser, laquelle sera restituée au fur et à mesure de l’exécution des travaux. Il est donc tout à fait conseillé d’avertir rapidement le maire en cas d’abandon d’épave sur un terrain privé.
Le journaliste M. Vincent LINDENEHER de la rédaction du Bien Public que nous tenons à remercier, était présent afin de suivre cette action et relayer l’appel lancé par les militants ici réunis pour une belle action en faveur de la protection de nos paysages naturels:
https://www.bienpublic.com/…/rencontre-avec-les-extracteurs…
Au delà de l’extraction de cette première épave abandonnée en milieu naturel, 3 autres étant d’ores et déjà recensées sur le seul territoire communal de Prenois et une sur le territoire communale de Pasques, c’est un appel lancé au recensement des épaves de véhicules qui polluent notre environnement et nos paysages.
N’hésitez pas à nous faire parvenir à l’adresse Forestiers-du-Monde.France@sfr.fr vos recensements locaux d’épaves abandonnées au sein des milieux naturels avec les clichés correspondants !