Si nous devons nous réjouir de la prise de conscience croissante de l’importance du capital arboré de nos villes et de l’intérêt d’accroitre la végétalisation de nos cités, beaucoup d’entre nous ont entendu parler des forêts urbaines « naturelles » selon la méthode prônée par M. Akira MIYAWAKI, méthode qui connaît actuellement un engouement médiatique certain. Les communes sollicitées par de nombreux citoyens ne sont pas en mesure de critiquer le protocole de plantation proposé par manque d’expérience.
Ces communes font ainsi confiance aux promoteurs de ces opérations conçues selon le protocole de M. Akira MIYAWAKI, mais risquent d’être déçues sur le long terme. L’expérience – bien réelle,certainement- de M. Akira MIYAWAKI n’est pas forcément adaptable telle quelle en France et plus généralement en Europe pour les raisons que nous exposons ci dessous en partageant notre expérience acquise depuis bientôt 20 ans au travers de nombreux projets pédagogiques de créations forestières pédagogiques biodiverses autrement appelées afforestations pédagogiques biodiverses.
Avant d’évoquer les raisons qui pourront vous faire préférer de vous engager dans une démarche d’afforestation biodiverse selon notre démarche, présentons nous d’abord :
L’ONGE Forestiers du Monde® fut fondée en France en 2003 par 6 amis forestiers désireux de mettre les compétences professionnelles à disposition de la Société Civile et particulièrement des enseignants afin de contribuer à l’émergence de générations en mesure de maitriser les concepts de la foresterie afin de choisir la nature même des forêts que nous voulons transmettre.
A ce jour, L’ONGE Forestiers du Monde® compte dans ses rangs des praticiens expérimentés pour de nombreux domaines de la foresterie publique comme privée, de l’écologie forestière, de la pédagogie, de l’animation pédagogique, de l’entomologie forestière, du droit forestier, etc.
Pour atteindre cet objectif altruiste de sensibilisation des jeunes générations aux enjeux forestiers et environnementaux contemporains, nous avons conçu le concept de création forestière pédagogique biodiverse en 2003, concept régulièrement enrichie tant par les praticiens de nombreuses disciplines qui ont rejoint l’aventure Forestiers du Monde®que par les succès et les échecs rencontrés au fil des projets lors de la mise en œuvre et du suivi sur le terrain.
Précisons ici que
1 – Forestiers du Monde® réalise notamment des créations forestières biodiverses ou afforestations biodiverses. Il s’agit non plus de planter des arbres (de trois ou 4 essences différentes) mais de concevoir une nouvelle forêt avec l’ensemble de ses composantes arborées et arbustives. C’est ainsi que nous bâtissons des forêts composées de 50 espèces végétales (arbres et arbustes). Les arbres et les arbustes sont autochtones et implantés selon une architecture inspirée de la recolonisation naturelle observée au sein de l’une des dernières forêts primaires européennes.
2 – Nous bâtissons des forêts sur des terrains communaux non boisés et ce afin d’accroitre la surface forestière. C’est le concept de l’afforestation. Il est légitime que des forestiers poussent à l’accroissement de la surface forestière mondiale, chacun agissant autour de chez lui.
3 – Toutes les étapes de cette reconquête forestière sont réalisées avec les écoliers et leurs professeurs durant le temps scolaire. Ainsi, le repérage des limites du terrain à afforester, sa structure pédologique, la sélection des essences forestières, la pose des jalons de plantations, la réception des plants, la mise en place des plants, la protection des plants sont les principales étapes qui marquent l’année scolaire.
Par ailleurs, nous plantons bosquet par bosquet tous les ans, ce qui fait que les mêmes écoliers reviennent parfois 5 années de suite sur la même parcelle (de leur CP à leur CM2) pour poursuivre le travail et observer le travail de l’année passée. Avec 1 ha, nous travaillons parfois 6 années scolaires consécutives.
Ci-joint le lien pour découvrir le plus grand projet actuel de création d’une nouvelle forêt biodiverse communale.
Au final, cette démarche consiste à apprendre à des écoliers comment bâtir de nouvelles forêts biodiverses. Ils sont ainsi formés à la reconquête forestière mondiale (Des ONGE militent pour défendre les forêts en place. Forestiers du Monde® pour sa part se positionne principalement sur la reconquête forestière, les deux démarches étant tout autant utiles)
Cette démarche intègre tous les volets : foresterie, pédagogie, écologie, développement durable, etc.
Dernier point et non des moindres: cette démarche est bénévole. Forestiers du Monde® ne compte aucun salarié et tout appui financier est destiné à se transformer en « plants » !
Par rapport à la méthode prônée par Monsieur Akira MIYAWAKI, l’afforestation biodiverse conçue et testée par l’ONGE Forestiers du Monde® propose un espacement des plants pour :
1 – réduire les coûts de plantation (1000 plants à l’hectare soit 0,1 plant par m² au lieu de 3 à 5 prônée par M. Akira MIYAWAKI) soit 30 à 50 fois moins cher ; avec le même budget on plante une surface 30 à 50 fois plus grande !
2 – favoriser la biodiversité en intégrant les espèces de milieux ouverts (papillons, reptiles, oiseaux…). Dans nos régions une grande part de la biodiversité est liée aux effets de lisière donc à des milieux relativement ouverts. Les stades de régénération forestière comportant une forte densité de jeunes arbres sont bien plus pauvres que les stades de futaie mûre ouverte, même si l’homme peut y circuler !
3 – limiter la concurrence pour l’eau et la lumière ; Il est faux de dire qu’avec une forte densité le développement sera favorisé : les forestiers en ont fait l’expérience depuis ½ siècle et réduisent les densité de plantation ou font du dépressage précoce dans les régénérations naturelles.
4 – La fixation de CO² ne dépend que peu de la nature des végétaux et de leur densité ; dans nos région tempérées la fixation de carbone reste aux alentours de 10 à 12 tonnes de matière carbonée par ha et par an (blé=10,2 ; betterave=11,8 : hêtraie ou frênaie atlantique=13,5 ; ) d’après le synthèse écologique de P. DUVIGNEAUD 1974. Il est donc faux de dire qu’en augmentant la densité végétale on fixera plus de CO².
Forestiers du Monde® associe chaque plantation à une démarche pédagogique : « Donnez un poisson à un affamé, il mangera aujourd’hui. Apprenez lui à pêcher il nourrira sa famille toute l’année ! ».
En faisant participer activement des écoliers (et leurs parents) dans la plantation on forme de futurs citoyens motivés et responsables de la sauvegarde des forêts.
Forestiers du Monde® propose un type de plantation fondé sur l’observation de l’évolution naturelle d’une trouée forestière ; l’architecture du collectif d’arbres doit permettre une meilleure résistance aux aléas climatiques (tempêtes, bris de neige,…). Une plantation dense oblige les arbres à croître en hauteur plutôt qu’en diamètre ce qui les rends plus fragiles à ces aléas.
Forestiers du Monde® anticipe le réchauffement climatique. En voulant reproduire les écosystèmes « climax » actuels, on expose nos peuplement à un dépérissement plus ou moins rapide. On sait par exemple que la hêtraie qui devrait couvrir naturellement une grande partie de notre territoire rencontrera de grandes difficultés du fait du réchauffement climatique et nul ne sait si elle survivra. Nos propositions d’espèces à planter incluent des espèces autochtones en France mais situées naturellement à une latitude plus basse (zone subméditerranéenne) en profitant de notre expérience depuis bientôt 20 ans.
Forestiers du Monde® propose une afforestation (plantation de forêt) sur des terrains publics et demande aux municipalités de les inclure dans le patrimoine forestier communal les confiant ainsi à la gestion de l’Office National des Forêts, établissement public national chargé de la mission régalienne de protection et de gestion des forêts ou en les classant en Espaces Boisés Classés, ce qui est une assurance de leur maintien sur le long terme, et permettra une gestion fine conforme à leur vocation de puits de carbone et de réservoir de biodiversité.
Article rédigé par Bernard LECLERCQ, membre actif et référent « Écologie forestière » de l’ONGE Forestiers du Monde® depuis 2004, professeur issu de l’Ecole Normale Supérieure de Paris, titulaire de l’agrégation en biologie-géologie et d’une thèse de 3ieme cycle en écologie générale. Il est également animateur nature diplômé.
Recruté en 1976 et pour 4 ans par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage pour étudier l’écologie du Grand Tétras, il sillonne les forêts d’Europe centrale et de France, accumulant de précieuses données. Puis il reprend en 1981 l’enseignement en lycée à temps partiel pour financer la poursuite de ses recherches au sein de l’association « Groupe Tétras Jura » nouvellement créée et qu’il aura présidée un temps. Il engage alors une thèse de doctorat d’Etat intitulée « écologie et dynamique des populations du Grand tétras (Tetrao urogallus major L.) dans le Jura français » qu’il soutient le 30 juin 1987 à l’université de Bourgogne.
Recruté en 1976 et pour 4 ans par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage pour étudier l’écologie du Grand Tétras, il sillonne les forêts d’Europe centrale et de France, accumulant de précieuses données. Puis il reprend en 1981 l’enseignement en lycée à temps partiel pour financer la poursuite de ses recherches au sein de l’association « Groupe Tétras Jura » nouvellement créée et qu’il aura présidée un temps. Il engage alors une thèse de doctorat d’Etat intitulée « écologie et dynamique des populations du Grand tétras (Tetrao urogallus major L.) dans le Jura français » qu’il soutient le 30 juin 1987 à l’université de Bourgogne.
Et pour vous forger votre propre opinion, nous vous proposons de découvrir les publications suivantes :
Très intéressant! avez-vous des expériences à Madagascar? Merci
Madame Josette LARDERAZ, Bonjour. merci pour votre intérêt pour cet article et votre commentaire. Nous avons mené en 2011 une mission à Madagascar. L’objectif était de parcourir le pays et de rencontrer le plus possible de citoyens malgaches engagés dans les programmes de protection de l’environnement forestier en privilégiant les représentants élus du Peuple et les instituteurs afin de les inciter à engager localement de telles démarches de créations forestières pédagogiques biodiverses. Car notre souhait reste que chacun fasse localement, à sa mesure, avec ses moyens et ses possibilités, avec les espèces locales et surtout en associant les écoliers malgaches comme nous pouvons le faire en France notamment. Nous espérons toutefois avoir semé quelques projets… Avez vous de votre côté la possibilité de promouvoir la démarche d’afforestation pédagogique biodiverse à Madagascar ? N’hésitez pas à revenir vers nous si tel est le cas. Salutations forestières citoyennes. Jean-Noël CABASSY Forestiers du Monde® – France