Déjà en 2001, devant l’arboretum de Harvard, sur la côte Nord-Est des États Unis d’Amérique, l’idée avait germé dans l’esprit de Jean-Paul RIOU alias Tom: planter des arbres avec les enfants de son village de Lhuis (01680) en France, département de l’Ain, dans le Bugey (extrême Sud du massif du Jura),région qu’il arpente depuis 40 ans quand il a un peu de temps libre. Mais il manquait de temps libre… jusqu’à sa retraite. Tom est médecin. Alors il a attendu la retraite non sans essayer dans son jardin personnel dont le sol est particulièrement calcaire d’implanter différentes espèces.
En janvier 2009, la retraite étant là, Tom se met au travail pour planter avec des enfants des arbres, pour bâtir une forêt. Il va réaliser son rêve ! Il fallait pour cela trouver un terrain municipal mis gratuitement à disposition, une école ouverte sur le monde avec des enseignants eux aussi ouverts au monde sans oublier naturellement des bonnes volontés connaissant la terre du Bugey, et ne rechignant pas à la besogne, pelles et bêches à la main.
Du rêve à la réalité.
En février 2009, le projet de Tom de bâtir une forêt avec des écoliers prend tournure. La municipalité de Lhuis et son maire proposent, sur la suggestion insistante de Tom il est vrai, un terrain municipal. Ce terrain borde l’école publique élémentaire locale, en plein centre du village. C’est le jardin d’une ancienne propriété bourgeoise, racheté par la mairie il y a de longues années et laissée à l’abandon depuis l’époque. Les anciens du village se souviennent mais les plus jeunes ne voient là qu’amas de ronces sur une surface de 7 500 m². Le terrain est en friche !
Les enseignantes de l’école de Lhuis sous l’impulsion de la directrice Madame Marie-Claire CARTONNET, se mobilisent. Elles découvrent avec Tom, le guide pédagogique « Bâtir la forêt. Ensemble, développons la biodiversité et luttons contre l’effet de serre » sur le site Internet de l’O.N.G.E. Forestiers du Monde®. C’est une mine d’or, un document pédagogique performant, original, adapté aux enfants et aux enseignants. Toute la démarche pour bâtir en temps scolaire une forêt biodiverse y est décrite page après page, leçon après leçon. Les élus peuvent également prendre conscience de l’intérêt de soutenir une telle démarche pédagogique sur leur commune !
Tom mobilise tout autour de lui : les anciens du village, sous la tutelle bienveillante de Gérard BONSACQUET, les jeunes notamment André BONNARD et sa pelle mécanique, Jean-Michel MERIAUX, garde forestier de l’Office National des Forêts, les vignerons, les parents d’élèves, le maire. Tom démarche même l’agence locale du Crédit Agricole. Joël ROCHAT, polytechnicien à la retraite accepte pour sa part de tenir la comptabilité du projet de la création forestière pédagogique biodiverse de Lhuis, première création forestière biodiverse de la région Rhône-Alpes !
Création de la représentation « Forestiers du Monde® – Ain Bugey »
Reste à assoir le projet sur une structure administrative et juridique, si possible connue et reconnue par le ministère de l’Éducation nationale. Faut-il fonder une association locale loi 1901 ? Réunions et discussions se succèdent. Tom décide de prendre officiellement contact avec l’O.N.G.E. Forestiers du Monde® agréée en qualité d’association éducative complémentaire de l’enseignement public et se retrouve bientôt à Dijon, siège historique de Forestiers du Monde® pour découvrir sous la conduite de Jean-Noël CABASSY, membre de la présidence collégiale de Forestiers du Monde®, les créations forestières pédagogiques biodiverses déjà réalisées en Bourgogne.
En quelques heures, les bases de la représentation « Forestiers du Monde® – Ain Bugey » sont posées. Les bénévoles motivés par Tom approuvent ce choix et demandent la reconnaissance par Forestiers du Monde® – France de cette nouvelle représentation dans le département de l’Ain, région du Bugey. La représentation départementale Ain-Bugey de Forestiers du Monde® est approuvée dès le vendredi 19 juin 2009 par décision de l’assemblée générale de l’O.N.G.E. forestiers du Monde® – France. Cette première implantation de Forestiers du Monde® en région Rhône-Alpes portera notamment le projet de la création forestière pédagogique biodiverse de LHUIS. Lire à ce sujet l’article annonçant la création de Forestiers du Monde® – Ain Bugey sur notre site Internet.
Et les questions furent nombreuses. Quels travaux faire dans la parcelle municipale en friche ? Comment y accéder avec un tracteur ? Quelles essences planter ? Faut-il semer des graines, les faire germer et repiquer ensuite les semis ou bien est-il préférable d’acheter des plants forestiers auprès d’un pépiniériste ?
L’équipe de Forestiers du Monde® – Ain Bugey travaille. Les réunions s’enchainent, la friche couverte de ronces est nettoyée, le lierre couvrant le sol est réduit. Une herbe couvre sol est semée pour empêcher les ronces de reprendre le dessus. Au passage, un vieux bassin est découvert, un vieux chemin est réhabilité.
A la rentrée scolaire 2009-2010, le programme « Bâtir la forêt de Lhuis » démarre au sein de l’école.
Faire germer des graines ou installer des plants forestiers ?
Les semis en pépinières semblent intéressants pour les élèves : pousse rapide, repiquage (et au programme au titre de la découverte de la reproduction sexuée). Par ailleurs, près de l’école, possibilité est offerte de planter au sein de deux carrés d’une surface totale de 200 m².
Cette option permet d’installer des plants forestiers d’environ deux ans et de commencer à reboiser la partie du terrain en état. Le choix se porte sur la plantation en bosquets plutôt qu’en alignements. Les suggestions de Forestiers du Monde® – France s’avèrent utiles.
Au fil des ans, les arbres en surnombre pourraient être replantés chez les enfants, avec accord de leurs parents, ou dans une parcelle mise à disposition par Tom et/ou la mairie, pour les enfants ne disposant pas de place chez eux. Cela permettrait à tous de voir grandir « leur arbre », après leur départ de l’école primaire, en précisant bien que les enfants n’auront pas d’arbres attitrés. Il est en effet préférable que chaque écolier s’approprie l’ensemble de la création forestière pédagogique biodiverse plutôt qu’un seul arbre.
Proposition est faite également de contacter la sècherie de Lajoux de l’Office National des Forêts pour obtenir des graines sélectionnées. Finalement, le choix se porte sur des graines locales: marrons, glands et noisettes.
Les essences forestières sélectionnées.
Quelles essences choisir ? Plutôt des essences d’ombre: sapin, hêtre, orme, zelkova, parrotia en sachant qu’il y à déjà sur place des frênes, ifs et érables sycomores. La partie Nord de la parcelle plus ensoleillée, lorsqu’elle sera prête, accueillera 4 ou 5 bosquets biodivers.
Les fruitiers retenus sont des variétés sauvages: sorbiers, néfliers, merisiers. Tous ont besoin de soleil. La toxicité des cytises est objet de discussions. En effet, ses fleurs sont toxiques. Le produit toxique a un effet similaire à celui de la nicotine. Après vérification dans les livres, il apparait que les doses toxiques correspondent à une infusion d’un kilogramme de fleurs ! L’essence sera donc retenue.
Les élèves travailleront également sur les baies. Naturellement, les arbres déjà présents sur la parcelle sont conservés pour l’intérêt qu’ils représentent. Pour chacun, des fiches d’identification seront établies/ Elles devront être pérennes. Contact est pris avec la société Pic Bois.
Bâtir une forêt avec les écoliers: un projet d’école !
La plantation, conforme aux objectifs de Forestiers du Monde®, permet à l’équipe enseignante de traiter nombre d’items du programme officiel de l’Éducation nationale (évolution d’un environnement géré par l’homme: la forêt, la biodiversité, le vivant, les énergies renouvelables).
Au titre de l’opération interministérielle « A l’École de la Forêt » (AEF), Eric HELL correspondant Éducation Nationale pour le département de l’Ain, est sollicité. Lire à ce sujet l’article « Opération interministérielle A l’École de la Forêt : contribution des Forestiers du Monde® » sur notre site internet. Outre le label interministériel AEF, 7 journées de découverte de la forêt avec le garde forestier de l’Office national des forêts sont demandées.
Les moyens financiers mobilisés pour la création forestière pédagogique biodiverse de Lhuis
Le Crédit Agricole, grâce à l’impulsion des administrateurs locaux, accepte d’apporter sur 2 ans u,n appui financier très significatif permettant de couvrir les premiers frais ( outils pour les écoliers, fiches pour les arbres, aménagement du terrain). De plus, Forestiers du Monde® – Ain Bugey voit le nombre de ses adhérents croitre de façon significative ce qui permet d’assurer un modeste autofinancement, sans oublier quelques généreux donateurs.
Un père d’élève propose de reproduire gratuitement le guide pédagogique « Bâtir la forêt. Ensemble développons la biodiversité et luttons contre l’effet de serre », support de cours pour les élèves, la première édition étant épuisée. Le « Sou des écoles », association du village prend en charge les ramettes de papier, l’école paye pour sa part les reliures. Et les bénévoles ont été nombreux qui avec une tronçonneuse, qui avec la tarière (prêtée par la CUMA de Saint Benoît), qui avec 5 tonnes de fumier, sans parler de la fourniture du casse croute en fin de travaux.
Des demandes de subvention ont été effectuées en 2010 auprès des communes de LHUIS MARCHAMP et INNIMONT (bassin d’inscription à l’école élémentaire de Lhuis).
Les principales dates du projet sur l’année scolaire 2009-2010
- Samedi 24 octobre 2009: à partir de 8h30 sur le terrain: que va-t-on planter ? Où ? Engagement de l’entretien de la partie basse et débroussaillage du chemin d’accès haut et bas.
- Samedi 7 novembre 2009: à 10h30, rencontre avec les parents et les écoliers: présentation de l’association et de ses objectifs. Visite sur le terrain.
- Jeudis 19 et 26 novembre 2009: plantation avec les élèves. Pour chaque demi-journée, 3 groupes d’environ 12 élèves chacun sont constitués. Des avant-trous sont ainsi pratiqués à l’aide d’une tarière prêtée par Monsieur DUCOLOMB. Les élèves enlèvent la terre et les cailloux à l’aide de pelles et de pioches apportées par les adultes de l’association. Le jour de la plantation, ils pralineront les plants et mettront du fumier au pied des arbres. Il faut aussi prévoir des tuteurs et des protections contre les dents du grands herbivores.
Ce qu’en dit Camille (écolière): « On est allé dans la forêt avec des bottes. Tom nous a expliqué ce qu’on devait faire. Comme matériel pour creuser, on avait pelle, u sarcloir et une petite pioche. On était trois par trou avec un adulte. On a commencé à creuser un trou d’environ 50 centimètres de profondeur. Une fois le trou creusé, on a pu enlever les cailloux à l’aide d’un matériel. Au fond du trou, on a placé de la corne et du sabot de vache. Il ne fallait pas en mettre plus de trois poignées. On a ajouté une couche de terre par dessus,, puis du fumier avec un peu de terre. On a planté un tuteur en l’enfonçant bien et rajouté des cailloux tout autour. Tom nous a pris en photo et jeudi 17 décembre on devait aller planter les arbres. Dommage, il faisait trop froid ! »
Les dates de plantation inita=initialement fixée au 9 décembre fut repoussée. La première fois car les plants forestiers furent livrés en retard pour cause de livraison prioritaire de sapins de Noël et la seconde fois, c’est le gel qui empêche la mise en terre des plants. Les arbres sont donc en jauge sur le terrain de Tom, dans sa serre. rendez vous fut pris pour le 16 janvier 2010.