De l’intérêt pédagogique de bâtir des forêts pédagogiques biodiverses,
Si l’intérêt de bâtir des forêts pédagogiques biodiverses est attesté par Mr Philippe MEIRIEU au travers de la préface du guide « Bâtir la forêt. Ensemble développons la biodiversité et luttons contre l’effet de serre » conçu et publié par l’ONGE Forestiers du Monde®, ouvrage permettant à des écoliers et leurs professeurs d’apprendre en temps scolaire à bâtir une forêt biodiverse, il restait encore à démontrer que cette démarche pédagogique était également pertinente en terme forestier et contribuait à la recolonisation forestière planétaire.
Et de l’intérêt pour la reconquête forestière de bâtir des forêts pédagogiques biodiverses,
En effet, si chaque bosquet ou petite forêt biodiverse plantée par des écoliers en temps scolaire permet d’accroitre la surface forestière, la modestie des projets pourrait laisser croire que ces forêts d’environ 1 ha, parfois moins, resteront trop modestes pour être utile à la cause forestière. gardons en mémoire que c’est l’ambition que s’est donnée l’ONGE Forestiers du Monde®: promouvoir au sien de la Société civile la démarche de création de nouvelles forêts notamment aptes à héberger la plus grande biodiversité végétale et animale !
C’était sans compter sur le travail de recherche réalisé par Mrs Antoine KREMER et Rémy PETIT, Chercheurs exerçant au sein de l’unité de recherche forestières de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA). Ils ont étudié comment les forêts progressent naturellement.
Ainsi, depuis la dernière glaciation, il y a quelques 18 000 ans, les forêts de chênes ont réinvesti le continent européens. L’empreinte de cette reconquête est inscrite dans l’ADN. Au cours des dernières années, une vaste étude européenne a inventorié et décrypté la diversité génétique dévoilant les stratégies de colonisation des espèces dominantes dont les chênes.
En complément de l’analyse génétique, l’exploitation de la banque européenne de données polliniques (EPD) avec la collaboration de Jacques-Louis de Beaulieu de l’université de Marseille, permet de retracer les migrations des chênes à feuilles caduques depuis la dernière glaciation.
Quelle est la vitesse de propagation des chênes ?
Ainsi, l’étude de six cents séquences de pollens fossiles fait apparaître un résultat très surprenant sur la vitesse de propagation moyenne des chênes: ceux ci ont avancé en moyenne de 380 m par an avec des pointes de 500 m par an à certaines périodes. Or, c’est quatre fois plus vite que la vitesse estimée par les modèles numériques simulant la dispersion des glands par les agents habituels, à savoir une quarantaine d’espèces d’oiseaux (surtout des corvidés et des picidés) et de mammifères, en particulier des petits rongeurs.
Les forêts accélèrent leur progression par sauts de puce
Pour retrouver ces vitesses de dispersion, il aura fallu introduire dans le modèle de diffusion continue des évènements de dispersion à très longues distance (quelques dizaines de kilomètres) ne se produisant que rarement. Quand bien même ces sauts de puce n’ont qu’une chance sur un million de survenir, ils augmentent la vitesse de propagation des chênes jusqu’à atteindre les valeurs observées. Ainsi, très amont du front de migration des forêts, se forment des ilots qui suivent leur propre développement démographique avant d’être finalement rattrapés et englobés par la progression de l’espèce.
Ces îlots jouent ainsi un remarquable rôle d’accélérateur de la dispersion. Les forêts accélèrent ainsi leur progression par « sauts de puce ». Vous trouverez ici l’article publié par Antoine KREMER et Rémy PETIT (Autorisation de publication délivrée par l’auteur le 25 mars 2016).
Bâtir une forêt pédagogique biodiverse contribue à accélérer la progression des forêts.
Et nos petites forêts pédagogiques biodiverses ne sont pas autre chose que des ilots forestiers, parfaite représentation concrète de « sauts de puce », parfois très en amont du front de migration des forêts. On peut donc considérer que démonstration est apportée que bâtir une forêt pédagogique biodiverse de quelques ares s’inspire finalement d’un mécanisme naturel et contribue à l’accélération de la progression des forêts.