2010, l’année du Damier du frêne en Côte d’Or ?


Qu’est-ce que le damier du Frêne ?

Le Damier du frêne est un papillon. Les scientifiques l’appelle Euphydras maturna. C’est une espèce eurosibérienne liée aux milieux boisés et leurs lisières, en forte régression en Europe occidentale depuis quelques décennies. Il fait partie des espèces fortement menacées depuis longtemps en Allemagne : la dernière mention en Belgique date de 1921 et l’unique citation de l’espèce au Luxembourg, après 1960 a précédé son extinction.

A quoi ressemble-t-il ?
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Nous vous invitons également à le découvrir sur les trois premiers panneaux de l’exposition – Ensemble, produisons de la biodiversité – présentée sur ce site Internet.

Quelles sont ses exigences écologiques des quelques populations locales résiduelles ?

E. maturna est un lépidoptère héliophile (espèce qui se plaît dans les milieux ensoleillés) qui fréquente les lisières des taillis sous futaie, les bords des rayons éclairés, les clairières, les fonds de combe. Les espèces végétales nourricières sont le frêne et le tremble pour la chenille avant hibernation, puis des plantes basses tels notamment le plantain lancéolé, les véroniques, les chèvrefeuilles après hibernation. Les mâles et les femelles recherchent le nectar des troènes, des ombellifères, des valérianacées et des dipsacées. Il paraît attiré par les dérivés azotés ou alcalins. Il est fréquent de le rencontrer posé au sol, dans les voies forestières absorbant des substances organiques tels que les excréments et urines de mammifères, cadavres de limaces écrasées? Les mâles se perchent à deux ou 3 mètres de hauteur dans les buissons pour aborder facilement les femelles.

Quel est son statut juridique ?

La damier du frêne est insecte protégé par la Loi. Au plan national, il est inscrit sur la liste des insectes protégés sur le territoire national (arrêté ministériel du 2 juillet 1993). Il appartient également à l’annexe II (espèces de faune strictement protégées) de la convention de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe ouverte à la signature à Berne le 19 Septembre 1979 et transcrite en droit français par le décret n°90-756 du 22 août 1990.

A ces titres, la destruction, l’altération ou la dégradation du milieu particulier à cette espèce sont interdites par l’article L 411.1 du Code de l’Environnement. Le fait de porter atteinte à la conservation en violation des interdictions mentionnées à l’article L411.1 du CE (exception faite des perturbations intentionnelles) sont punies par des peines délictuelles d’amendes et d’emprisonnement.

Où et quand peut-on le voir en Bourgogne ?

La Bourgogne représente actuellement en France le principal réservoir de peuplement de ce paillon menacé. Disparu de l’Yonne il y a plus de trente ans, il se limite aux grands massifs forestiers anciens de la Côte d’or et de la Saône et Loire. Sur les 27 stations historiquement connues en Côte d’or, seules 14 stations sont encore confirmés en 1990 et 12 en l’an 2000.

La chenille vit à la fin de l’été dans de petits nids de soie sur le Frêne, le Tremble, puis après l’hibernation sur de nombreuses plantes basses. L’image (l’adulte) est visible en vol de juin à juillet.

 

 

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Quelle est sa situation actuelle au plan européen ?

D’après les auteurs Tolman et Levington, le damier du frêne régresse et disparaît en France, en Allemagne (Bavière) et au sud de la Suède. Il est éteint en Belgique (sa dernière mention date de 1921) et au Luxembourg depuis une cinquantaine d’année. Il fait partie de espèces fortement menacées depuis longtemps en Allemagne. Cette espèce est devenue très localisée presque partout en Europe. Elle n’est pas commune qu’en Finlande. Il y a un siècle, présente dans les forêts des environs de Paris et dans tout le quart nord-est de la France (sauf dans le jura). Actuellement, ne semble le plus présent qu’en Bourgogne (Côte d’or) et dans le Cher.

Disparue récemment dans la Meuse, de la Haute-Saône et de la Nièvre.

Pourquoi faut-il agir particulièrement pour cette espèce protégée ?

Rappelons que la Bourgogne et la totalité des zones de plaine de France ont perdu depuis trente ans une autre espèce protégée, le fadet Moelibée qui ne survit plus que dans les périphéries des zones boisées humides dans le jura, entre 500 et 800m d’altitude. Le damier du frêne ne peut se replier dans ces zones qu’il n’a jamais occupé. Il faut donc veiller à ne pas accélérer l’appauvrissement génétique local ; lié à un trop grand morcellement des zones de vie adéquates en Bourgogne.

Conformément aux priorités identifiées dans la stratégie nationale de développement durable, le gouvernement a initié une démarche stratégique et des plans d’actions en faveur de la biodiversité biologique pour répondre à ses engagements internationaux et européens. Il s’agit de stopper la perte de biodiversité d’ici 2010. (Source : Circulaire DNP/SDEN n°2004-2 du 23 novembre 2004 signée du Ministre de l’Ecologie).

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Que faire pour assurer sa protection localement ?

L’objectif des mesures proposées ci-dessous est d’assurer que le damier du frêne reste présent dans les sites où il est encore observé et puisse à terme regagner des zones d’où il a disparu (notion de production de biodiversité et donc fondamentalement renforcer le pool génétique de l’espèce. Des mesures drastiques sur la totalité de la Côté d’or hormis la plaine, voire le nord de la Saône et Loire sont indispensables :

Pour cela :planter du frêne, proscrire toute plantation résineuse.

Maintenir des trouées claires avec fleurs au sol et buissons (troènes) par récoltes et entretiens sélectifs.

Traitement en futaie irrégulière requis.

Eviter la création de réserves trop petites ou trop isolées au sein desquelles les espèces continuent à disparaître par manque d’échanges génétiques et en raison des altérations physico-chimiques des habitats engendré

Déterminer les espaces biologiquement nécessaires à la conservation et l’extension de cette espèce.

Au sein d’une zone forestière vaste prédéfinie susceptible d’accueillir ou d’abriter le damier par les activités agricoles et forestières mitoyennes.

Interdire la circulation sur les routes forestières site de présence avérée en période sensible (du 1er juin au 15 juillet) ou mettre en place des dispositifs efficaces de limitation de la vitesse des véhicules autorisés (automobiles, grumiers).

Qui peut agir ?

L’ensemble des propriétaires et gestionnaires forestiers ainsi que que les organismes intervenant au milieu naturel sur des habitats correspondants ou susceptibles de correspondre aux exigences écologiques du damier du frêne, que l’espèce soit encore présente ou non.

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Quels obstacles cette démarche de protection rencontre-t-elle ?

Quel que soit le niveau de réflexion – législatif, scientifique ou décisionnel – la prise en compte de la biodiversité dans la politique et la gestion forestière est encore imparfaite. Le principe général de la conservation et d’amélioration de la biodiversité est largement partagé au niveau international (convention de Rio sur la diversité biologique 1992), résolution 2 de la conférence ministérielle pour la protection des forêts en Europe à Helsinki, 1993) retranscris au niveau national en France dans la loi forestière de juillet 2001. Sa retranscription dans le cadre du développement d’un gestion forestière durable repose en général sur un ensemble des prescriptions techniques : les modes de régénération, la structure et la composition des peuplements. Ce raccourci entre le principe général et les choix techniques est difficilement justifiable d’un point de vue scientifique et il présente l’inconvénient de ne prendre en compte ni la disparité des situations régionales ou locales, ni les contraintes de la multifonctionnalité des forêts. Les critères et indicateurs de gestion durable illustrent parfaitement cette situation : alors qu’ils devraient évaluer les résultats de la gestion, ils en prescrivent le modalités.

Au sein de la notion de patrimoine, ensemble de biens communs à une collectivité – même si la propriété n’en revient qu’à certains – la biodiversité doit aujourd’hui s’imposer. La protection du damier du frêne n’en est qu’une illustration exemplaire emblématique du fait de son extinction pratiquement acquise. Cette notion de biodiversité encadre les droits des propriétaires, Etat ou particuliers, au nom de l’intérêt général. Si comme le remarque France nature Environnement – la forêt est le territoire par excellence des services collectifs non identifiés (SCNI) – alors sa biodiversité en est la garantie pour leurs pérennités. Des propriétaires aux usagers, meilleure vision de la forêt, de l’importance de préserver la biodiversité qu’elle engendre ou abrite partiellement et de sa capacité à produire ladite biodiversité.

La proposition de Forestiers du Monde® – Côte d’Or :

Stopper la disparition du damier du frêne et engager les acteurs locaux dans une démarche de production naturelle in situ de cette espèce d’ici 5 ans.

Mise à jour le Dimanche. 10 Mai 2009 21:29

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